le marin

mais si

avant dans une autre vie

j’ai vécu très très loin d’ici

les maisons étaient colorées

et le lumières tamisées

parfois

les petits déjeuners de minuit

étaient servis sur des draps fleuris

en compagnie d’un marin

pleurant dans les coussins

souvent

avec des chandeliers vermeils

sur des tapis de table lourds

je fuyais le sommeil

en lisant des grimoires sourds

alors

les plafonds étaient nuageux

les salons peu lumineux

plus de rondes théières

il était reparti autour de la terre

 

c’est pourquoi

aujourd’hui souvent je me réfugie

enroulée de longues soieries

dans les odeurs sucrées des salons de thé

pour déguster une pâtisserie raffinée

puis

je me protège derrière les parfums

si capiteux si présents

que j’en oublie les lendemains

et même ce que je suis maintenant

ainsi

je m’envole ailleurs parmi les fleurs

où n’existe que le bonheur

et dans la brise du soir

je traverse enfin le miroir