histoire sans coquelicot
au Jardin de Bagatelle
le Festival Chopin
faisait venir les belles
et hâtait leur destin
l’une de ces demoiselles
à la peau de satin
portait des pimprenelles
enrubannées dans sa main
en promenant ses dentelles
et le regard lointain
elle épiait les coccinelles
devant les rosiers nains
lui en costume de flanelle
et cravate carmin
promenait son air rebelle
au détour du chemin
elle rêvait de tarentelle
dansée jusqu’au matin
de flirt sous la tonnelle
au fond d’un grand jardin
il pensait au violoncelle
égaré dans le train
et broyait des asphodèles
pour noyer son chagrin
gracieuse comme une gazelle
et sentant le jasmin
elle n’était pas virtuelle
en ce début de juin
ses étranges yeux cannelle
l’aperçurent enfin
et avec une voix de miel
évoqua son parfum
le sourire de sa prunelle
lui démontra combien
succombait la demoiselle
à son charme latin
il lui parla d’aquarelle
longtemps et si bien
elle raconta ses pastels
et son amour du clavecin
la peinture fut une passerelle
qui établit le lien
puis un vol d’hirondelles
éloigna leurs chagrins
du pays de la mirabelle
vinrent quelques témoins
pour la voir sous une ombrelle
épouser le musicien
au jardin de Bagatelle
un charmant péruvien
se promène avec sa belle
loin du pays andin
et si cette ritournelle
vraiment ne vous plaît point
vous avez le mot querelle
pour trouver une autre fin
postlude
assise sur la margelle
l’air mi-figue mi-raisin
je rêve d’une vie nouvelle
pleine de rires et de câlins
me reste… citronnelle
à marier avec sapin
et puis encore crécelle
pour le vieux mandarin
mais c’est l’heure de la vaisselle
assez de mots malins
il faut cueillir des ombelles
pour nourrir mes lapins
et pourtant si demain
à l'hotel des tourelles
je rencontrais un marin
j'écrirai une autre ritournelle