près de la fenêtre
dans le panier de la brodeuse
les fils torsadés ocres et bleus
dessinent des courbes paresseuses
des labyrinthes soyeux
des camaïeux
merveilleux
ils évoquent les joyeuses images
des cadeaux de mariage
souvenirs
rêves d'avenir
les rouges profonds et les dorés légers
sur le paravent éparpillés
attendent impatiemment
les fantaisies d'un autre moment
et savent que bientôt
leurs arabesques vont orner
le bel habit enrubanné
du célèbre torero
les perlés jaunes éclaboussent de lumière
le visage si fier
de la jeune femme altière
qui brode des habits de lumière
vêtue de lin blanc
orné d'un coeur en ruban
les fraîches étamines
jouent avec les roses pâles qu'elles taquinent
autour d'un espiègle décolleté
d'une robe de soirée
les cordonnets bleus si sérieux
préparés pour les alphabets
se mêlent aux timides violets
et aux rouges audacieux
gourmandises des couleurs
heures de bonheur
les rubans turquoises se déploient
et avec sensualité ondoient
puis s'étalent gourmands
en éventail charmant
pour faire sourire la brodeuse
qui fredonne rêveuse
en les rangeant
tendrement
la chanson si douce du fil de soie
la chanson si lente des heures de joie